Stéfanie BOURDON, "Hors-saison"

Jeudi, 20 Avril, 2017 - Samedi, 29 Avril, 2017
Jeudi, 20 Avril, 2017 - 18:00 - 21:30

C'est le papier qui constitue depuis deux ans le support principal des dessins de Stefanie Bourdon.  :

Toujours en format réduit, une première catégorie est celle des « Instantanés » lorsqu’au seul moyen de déclinaisons de noirs et de gris au crayon gras ou sec, l’artiste laisse deviner les contours d’images mentales comme entr’aperçues. Au cœur de l’instant fugace du souvenir, c’est la grande mobilité du trait qui est privilégiée. L’artiste sauvegarde l’intégrité du signe ou de la trace par une exécution ponctuant zones blanches et sombres dans un jeu subtil avec les fonds.

«Ce sont les crayons qui créent la matière» dit-elle. Chaque composition constitue une brève suite d’accords aux accents de matité ou de lumière nourris de transparence. L’observateur y portera idéalement un regard en plan rapproché, décodant formes ambiguës, amalgames énigmatiques ou références paysagères dont la société des hommes se trouve absente.

Le second type de travail constitue une variante inédite de dessins. Toujours travaillés au pinceau, les papiers les plus lisses et toujours préalablement humidifiés accentuent la fluidité du medium. Les masses colorées s’y déposent, s’y fixent ou s’y déploient en surface et en profondeur. Un travail à la maîtrise hardie, évoquant le louvoiement d’un frêle esquif sur un lac de papier.

Mais là où auparavant les compositions se trouvaient -à la marge seulement- rehaussées de coups de  crayon discrets en bleu ou vert, aujourd’hui c’est une gamme chromatique élargie qui s’ouvre aux primaires rouge et jaune. Celles-ci sont articulées en plages et par bandes progressives. Elles sont  disposées souvent à l’horizontale, créant les conditions visuelles de champs de profondeur.

Conjugués en tonalités assourdies, ces camaïeux confèrent aux microcosmes une atmosphère à la fois de chaleur et de proximité. Stefanie Bourdon nous a renvoyé auparavant à des environnements entre chien et loup, référencés au monde minéral. Elle nous convie aujourd'hui à une plongée dans des univers plus végétaliens et aquatiques nimbés des douces lueurs d’un soleil couchant, et comme animés seulement du frémissement d’un vent tiède dans les ramures.…

Stefanie Bourdon ne recherche pas l’expression anecdotique de son champ de vision. C’est plutôt au partage de son rêve qu’elle se livre. Animés d’ombres, mais aussi de lumière, ce sont des  moments intemporels. D’un langage apaisé, Stefanie Bourdon nous dit qu’ils forment une expérience intime « hors saison ». 

 

Michel Van Lierde    mars 2017