Robert DE WINNE (1893-1983) Peintures & sculptures

Jeudi, 8 Mars, 2018 - Samedi, 24 Mars, 2018
Jeudi, 8 Mars, 2018 - 18:30 - 21:00

Robert DE WINNE (1893-1983) est né à Malines et y suit les cours de l'Académie des Beaux-Arts parallèlement à son activité professionnelle dans le milieu bancaire.

Lors du crash de 1929, il perd sa situation. Tout entier, il se tourne vers les arts plastiques et s’adonne à la peinture à l’huile, au pastel ainsi qu’au bois gravé avec Josef CANTRE. S’étant installé à Jette, il connaît une période d’inspiration surréaliste. Son domicile était très proche de celui de René Magritte : un hasard ? Un nombre limité d’œuvres attestent encore de cette manière. Des créatures quasi-humaines habitent des décors fantastiques tracés avec audace pour l’époque. C’est ce que déclare la critique à l’occasion d’une exposition de DE WINNE à la Galerie San Salvador de Bruges en 1935. « Le Sud », un journal local, dit de lui qu’il « fait fi de la perspective, de l’atmosphère, de l’harmonie et d’un tas de notions prétendument sacro-saintes ».

 

Le propos des zélateurs du Surréalisme lui semble cependant loin des inquiétudes et besoins matériels éprouvés cruellement par la société à la veille de la Seconde Guerre.

L’artiste évolue progressivement vers un style figuratif empreint de nostalgie et d’intimité. Sa vision personnelle reste celle d’«un art humain spiritualisé » comme il aimait à le qualifier lui-même. Au cours de biennales et de triennales d’initiative publique, il expose à Liège et Anvers en compagnie de PUVREZ, CANTRE, PERMEKE et TYTGAT notamment.

DE WINNE, toujours soucieux d’apprendre, s’inscrit à La Cambre et se forme en sculpture. Il y est remarqué et devient assistant de son maître Oscar JESPERS. C’est, brutalement, la révélation pour lui d’une avant-garde qu’il adoptera durablement. Comme en peinture, il évolue vers un radicalisme du trait et de la taille. Une abstraction paysagère dans la filiation de Paul KLEE se fait jour. Ses compositions ne sont pas sans évoquer des vues aériennes ou des projets de tapis. Les couleurs « terre » dominent : gris, beiges, noirs, bruns sombres…

 

Au lendemain de la guerre, l’artiste de nature solitaire, reste en marge du cercle des galeristes, amateurs et collectionneurs assurant le bouillonnement de la vie artistique bruxelloise. Bien que son œuvre s’en rapproche formellement DE WINNE n’est pas associé au groupe « L’Art Abstrait » créé en 1952 par Jo DELAHAUT. Il devient cependant membre du Conseil National belge des Arts Plastiques (CNAP) fondé en 1953 dans le cadre de l’UNESCO…  

Il fait partie en 1954 du salon Quadriennal de Gand avec une sculpture : « Prière ». L’artiste se confine dans la vie de la commune de Jette ne faisant connaître son travail qu’à un cercle limité de proches et voisins… Faut-il croire que DE WINNE se sent davantage en confiance dès lors qu’il traite seul avec les collectivités publiques et locales ? C’est en qualité de membre de la Société royale des Beaux-Arts de Liège et aussi de membre du Conseil national belge des Arts plastiques, qu’il vend ses travaux à l’Etat belge et au Musée de Gand.

 

L’œuvre de DE WINNE est rarement datée. Cependant, dans les années cinquante c’est une palette riche en couleurs primaires qui domine ses abstractions géométriques. Témoignant d’une grande maîtrise, des camaïeux bleu pâle et jaune rappellent Gaston BERTRAND. Conçus en plans accolés ou superposés, les tableaux révèlent une profondeur qu’accentue le dégradé des tonalités. Au fil des années soixante, la peinture de DE WINNE, plus vibrante et volontiers floutée par endroits, exprime la spiritualité discrète de cet ermite de la création.

 

De santé précaire, il abandonne la peinture à cette époque. Il poursuit la sculpture en bois, pierre et plâtre. On le retrouve avec « Hilda », une figure féminine en taille de bois lors d’une exposition du Ministère de la Culture française au Théâtre National de Belgique (Centre Rogier). Il y côtoyait ANTHOONS, DELAHAUT, GENTILS, VANDERCAM et WILLEQUET entre autres.

DE WINNE entré en maison de repos y décède dans un grand dénuement. En 1987 son atelier est vendu intégralement à l’ «Association culturelle de Bruxelles Nord-Ouest » et tombe dans l’oubli.

Une exception : l’Abbaye de Dieleghem présente, de manière confidentielle, en 2008, quelques peinture et sculptures de l’artiste

 

Michel Van Lierde, 2017