Ariane BOSQUET "African works on metal"

Mercredi, 21 Mai, 2014 - Samedi, 31 Mai, 2014
Mercredi, 21 Mai, 2014 - 18:30 - 22:00

Le parcours artistique d’ARIANE BOSQUET (1959), fille de l’Académicien et écrivain belge Alain Bosquet de Thoran, débute à la fin des années quatre-vingt à l’Académie de Braine l’Alleud. Elle pratique déjà la figuration via les collages sur toile et papier. Dès 1996, c’est la matière proprement dite qui prend le pas sur l’objet. La sanction inexorable du temps sur les êtres et les choses l’interpelle. Dans son travail, l’artiste entreprend de « figer »  cet « impalpable » sur des objets familiers. Portes fendues, murs délabrés, verre de fenêtre brisé. Les couleurs « terre », le pastel et les ocres sont très présents.

L’histoire d’amour d’Ariane Bosquet avec l’Afrique, le Sénégal et surtout le Mali, débute en 2006, à la faveur de son invitation à la Foire off de la Biennale de Dakar. Excellente photographe, encouragée par Chab Touré, un galeriste, photographe et historien d’art, elle parcourt le Pays Dogon et fixe par dizaines des portes en bois, en fer, rouillées, blessées des stigmates de l’usure et du temps. Vestiges émouvants et dérisoires d’un autre âge ? « Ne luttons pas (…) contre le temps ; contre la rouille, il n’y a rien à faire.» chantait Maxime Le Forestier, dans La Rouille.

Il vient à l’artiste  l’idée de façonner elle-même de telles « portes » en petits formats. Elle recourt à des tôles oxydées trouvées au hasard des chemins et auprès de ferrailleurs. Elle les complète d’autres matériaux de récupération tels des bois et éléments de treillis. Sur la tôle ou sur la toile brute marouflée sur panneaux, elle peint à l’acrylique en strates successives. Celles-ci sont ensuite grattées au stylet ou scarifiées au papier de verre. Pour le brun moyen, toujours inventive, elle fait recours aux grains de café mêlés à la gomme arabique. Elle ramène régulièrement en Belgique des hauteurs de Bandiagara, un sable de teinte orangé et de la latérite rouge qu’elle intègre à ses supports, toiles ou tôles. Il s’y mêle parfois de la pâte à modeler. Une lecture détournée des œuvres mène à les rapprocher de compositions  abstraites.

Dans ses travaux plus récents, Ariane Bosquet évoque villes ou villages campés autour de Bamako ou de la Dune de Koundou. Les tôles martelées et les toiles portent, collés, des éléments de métal ou des bouts de papier de soie imbibés de jus d’acrylique et de pigments. Ils figurent « les maisons ». Dans cette œuvre puissante les teintes mates dominent. De-ci, de-là une transparence ou un effet de lumière affleure, résultat de l’usage de pastels dilués à l’huile. Le rendu visuel suggère des ensembles volontairement chaotiques, à la fois austères et dépouillés. Conçues en trompe l’œil, ces structures peuvent faire croire à la présence de plusieurs plans . Floutés, ils révèlent la perspective en fond des « paysages » certes ancrés dans la mémoire, mais aussi déliquescents quand, au fil du temps, leurs contours s’estompent. La rouille les aura rongés.

Tant dans son thème « les portes » que dans celui des « villes », Ariane Bosquet donne magistralement corps à ce phénomène. Non seulement chimique, mais aussi immanquablement mental. La rouille, matière-objet se fond littéralement dans le sujet. La substance, en tant que telle, habite authentiquement le cœur de la création.

Depuis 2009 et jusqu’à aujourd’hui, Ariane Bosquet multiplie les voyages vers le Mali, où elle mène à bien par ailleurs des projets –hautement humanitaires- liés à la scolarisation et à l’éveil artistique d’enfants.

Michel VAN LIERDE Mars 2014

 

Interview d'Ariane BOSQUET et BRAAM ART GALLERY et RESTAURATION DE TABLEAUX sur Radio FM BRUSSEL :

http://www.fmbrussel.be/artikel/ariane_bosquet_expo_in_elsene.aspx

Plus d'informations sur le parcours d'Ariane BOSQUET :

http://www.arianebosquet.com

 

http://www.mbote.info/audio/tribune-18.mp3